La grossesse et la naissance d’un enfant représentent un grand bouleversement physique et psychique pour les parents. Cette période rend le parent plus vulnérable (en particulier la mère).
La fatigue et le corps transformé parfois meurtri et douloureux constituent une épreuve pour la femme. La pression de la société idéalisant la parentalité et exhibant des corps minces et lisses augmente le mal-être maternel. Des émotions négatives (déception, frustration, tristesse…) peuvent remplacer la joie des premiers temps. On oublie trop vite que ce corps vient d’accomplir un miracle et qu’il a besoin d’être choyé et accueilli avec tendresse.
Le baby-blues peut survenir quelques jours après l’accouchement (vers le 3e jour) : épuisement, irritabilité, anxiété, saute d’humeur, pleurs. C’est une réaction transitoire qui s’estompe en quelques jours. Si au delà de 7 jours, ces sensations de mal être persistent, il convient de consulter un professionnel.
La dépression du post-partum peut se manifester à tout moment, durant la première année suivant la naissance de l’enfant. C’est une maladie psychologique dont les principaux symptômes sont : une profonde tristesse, une anxiété extrême, un manque de confiance dont une dévalorisation et une culpabilité excessive, une absence de plaisir dans son rôle de parent, un désintérêt pour les activités appréciées auparavant, une tendance à s’isoler … Elle a également des conséquences sur le développement cognitif, social et affectif de l’enfant. Son chiffre est en hausse. Il demeure sous-estimé car le dépistage est encore insuffisant et les parents n’osent pas toujours confier leur souffrance.
10 à 20% des mères sont touchées par une dépression post-partum dans les 4 semaines qui suivent l’accouchement. Les pères sont aussi concernés : environ 8 %. (*)
Il faut parfois du temps pour être à l’aise dans son nouveau rôle de parent et créer du lien avec son bébé. Chaque parent en fonction de sa propre histoire aura plus ou moins de facilités. Des situations peuvent particulièrement rendre la parentalité difficile et favoriser l’émergence de dépression : une relation à ses propres parents compliquée ou inexistante, un manque de soutien de l’entourage, d’éventuels problèmes de santé et des situations de stress répétées dont les violences.
La détresse maternelle s’avère plus importante quand l’accouchement a été mal vécu : extraction instrumentale, césarienne, douleur … Une naissance traumatisante va entacher l’instauration des premiers liens avec le bébé. La femme s’est souvent sentie dépossédée de son accouchement. Elle fait ses premiers pas dans la maternité avec un goût d’échec et de culpabilité, la rendant moins disponible pour son bébé. Permettre aux femmes, aux couples de vivre la naissance dans de bonnes conditions devrait être un enjeu majeur de santé publique.
Se préparer en amont à l’accouchement, s’informer via des professionnels qualifiés, participer à des groupes de paroles, fréquenter des lieux de rencontre parents-bébés (présents dans toutes les grandes villes), un regard attentif et soutenant de la part du partenaire sont autant de ressources permettant de prendre confiance.
Quand on éprouve des difficultés, qu’on ne peut pas les partager avec son entourage ou que le mal être s’installe au quotidien, il est nécessaire de consulter (psychologue, sage-femme, médecin, PMI…).
(*) F.Poinso, J-C. Samuellian, V. Delzenne, L. Huiart, J. S. Sparrow, M. Rufo (2001) Dépressions du post-partum : délimitation d’un groupe à haut risque dès la maternité, évaluation prospective et relation mère-bébé. La psychiatrie de l’enfant 2001/2 (Vol. 44), 379-413.